Peinture et paysage
Dans mon travail, le paysage a presque toujours eu, et a de plus en plus d'importance.
Besoin d'affirmer un lien « affectif et vital » avec un
environnement dans lequel nous vivons et dont nous faisons partie.
C'est pour moi une source d'inspiration indispensable, qui nourrit mon
langage plastique et ma réflexion artistique. Travailler dans le paysage
(et non devant) en tant qu'acteur plus encore que témoin, c'est
chercher un dialogue, un échange avec lui.
En effet, un aspect important de ma recherche consiste à
comprendre le paysage dans lequel je me trouve, à le lire : son
mouvement, son écriture et sa ponctuation, son espace, sa lumière et
même à trouver, parfois, des correspondances avec lui, au point
d'établir à certains endroits des petits territoires d'intimité, sorte
d'ateliers éphémères où je reviens régulièrement, pendant plusieurs
années. C'est souvent là que je trouve la nécessité de travailler, au
plus profond et dans la solitude d'un véritable dialogue.
Mon objectif n'est pas de représenter le paysage. Ce n'est pas
son image qui m'intéresse, mais plutôt sa musique : l'organisation des
formes et leur rythme, la résonance et le timbre des couleurs, le jeu de
leur transparence et de leur intensité, la dynamique des lignes, leur
tension… Le paysage devient alors un répertoire inépuisable pour celui
qui sait regarder et y lire ce qui va toucher et enrichir sa sensibilité.
Ce n’est même plus une question d’échelle qui importe – une chaîne
de montagnes ou une flaque d’eau au creux d’un chemin – c’est la
qualité d’espace et de lumière.
Daniel Mohen, Nice, le 7 mai 2019