De naturaCet artiste se fait trop rare sur les cimaises. Cette exposition [Monaco, galerie de l'AIAP-UNESCO, décembre 2005] permet de suivre son travail et de mesurer l’exigence qui préside à sa réflexion plastique. De natura ne dissimule pas le propos qui a inspiré ses œuvres récentes. L’appel formel et sensitif d’un coquelicot, d’une grenade qui lui fait remettre sur le métier un réel perçu, imaginé puis transfiguré. Que garde-t-on d’une œuvre regardée ? Des lignes, un volume d’ensemble, des couleurs.Repenser le regard pour retrouver, par le biais de la mémoire et de l’émotion, le tracé juste au crayon ou au fusain, tel est l’enjeu de cet engagement humble et fervent. Il y a le travail exécuté face au modèle et la transposition à l’atelier. C’est dans cet entre-deux que se situe la peinture. La liberté s’y cache et aussi l’écueil toujours possible. La distance est longue et prend des détours avant de laisser éclore le « réel » du fruit ou de la fleur. L’architecture s’y révèle dans sa simplicité complexe, dans la fragilité de sa durée, comme dans la transparence éphémère de la lumière sur la peau du fruit ou des pétales. Miraculeuse substitution d’une peau à l’autre, qui donne à l’artiste une place particulière dans sa relation picturale avec la nature. Daniel Mohen parvient à métamorphoser le sens premier de son travail. Le sujet s’est fait regard, et le regard renvoie à une vision de la nature recréée par la ligne qui court ou par les taches de couleur. C’est dans le quotidien que l’artiste puise les trésors qui l’initient à l’étrange beauté de la terre. Lydia Harambourg |
Flowers
photo
d’atelier, |
Grands
coquelicots 2004-2005 |