Hommage à Giotto  2003-2008
Pigment et acrylique / toile (130 cm x 195 cm)

On comprend que cet enjeu formel, perpétuel, exige la sérialité, en provoquant ce qui pourrait se rapprocher de l'anamorphose. Si la figure subit une déformation, celle-ci ne s'explique que par un entraînement mémoriel appelé à déboucher sur des similitudes figurales mnémoniques. Dans l'hommage à Giotto (à la suite de son face à face récent avec les fresques de Giotto à Padoue), la figure de l'ange s'est métamorphosée en feuille de platane, ou ne serait ce pas l'inverse, comme le suggère Daniel Mohen en réponse à son interrogation sur la transcription du réel ?

Le signe, accidentel, est répétitif et cependant toujours différent. Il ravive l'épaisseur de la peinture en luttant dans cet espace qu'il faut visualiser. Le galet est né du silex, et la forme du triangle est inscrite dans l'ovale. Passer du galet au coquelicot revient à laisser croître la peinture dans une simultanéité naturelle de la forme et du sens qui engendrent leurs assises, tout en l'éloignant de la notion restrictive de paysage. Avec la conquête du champ pictural, Daniel Mohen creuse une circulation créatrice ouverte à tous les possibles, au prix d'une liberté qu'il continue d'expérimenter au rythme du pouls de la peinture.

Lydia Harambourg